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Biskra - Lac de l'ancien fort - Auguste MAURE 1880

GIDE, André (1869-1951)

Arrivée sur EL-Kantara :
« Le soir arrivait lentement ; nous avons traversé la gorge et le fabuleux orient nous est tranquillement apparu dans sa pacifique dorure. Nous sommes descendus sous les palmiers, laissant Athman attendre sur la route la voiture qui devait nous rejoindre. Je reconnaissais tous les bruits, de l’eau courante et des oiseaux. Tout était comme avant, tranquille, et notre arrivée ne changeait rien. En voiture, nous avons longé l’oasis, assez loin. Au retour, se soleil se couchait ; nous nous sommes arrêtés devant la porte d’un café maure, l’heure du Rhamadan passée. Dans la cour, près de nous, des chameaux en rut se battaient. Un gardien criait après eux. Les troupeaux de chèvres rentraient ; leurs pieds précipités faisaient encore, comme l’an passé, le bruit d’une averse stérile.
De toutes les maisons de terre grise, une ténue vapeur est montée, une fumée bleue qui bientôt enveloppa, éloigna toute l’oasis. Le ciel, à l’occident, était d’un bleu très pur, si profond qu’il semblait encore saturé de lumière. Le silence devenait admirable. On n’y pouvait imaginer aucun chant. J’ai senti que j’aimais ce pays plus qu’aucun autre peut-être ; mieux que partout ailleurs on y peut contempler. »


« Dès l’entrée, un détour vous perd ; on ne sait plus ni d’où on vient, ni où l’on va. L’eau fidèle de la rivière suit le sentier, longe un des murs ; les murs sont faits avec la terre même de la route, celle de l’oasis entière, une argile rosâtre ou gris tendre, que l’eau rend un peu plus foncée, que le soleil ardent craquelle et qui durcit à la chaleur, mais qui mollit dès la première averse et forme alors un sol plastique où les pieds nus restent inscrits ………….. C’était un lieu plein d’ombre et de lumière tranquille et qui semblait comme à l’abri du temps : plein de silences et de frémissements, bruit léger de l’eau qui s’écoule, abreuve les palmiers, et d’arbre en arbre fuit, appel discret des tourterelles, chant de flûte dont un enfant jouait. »
dans "L’immoraliste"


« Si Biskra continue d’être ce qu’il est, à savoir l’endroit du monde où je souhaite le plus de vivre, j’y fais construire et reviens y vivre chaque hiver. Je rêvais d’aménager le rez-de-chaussée de ma maison en café maure que je faisais gérer par Athman ; j’y invitais déjà tous mes amis … »


"...je me souviens d'une pluie d'été ; - mais était-ce encore de la pluie ? - ces gouttes tièdes qui tombèrent, si larges et si pesantes, sur ce jardin de palmes et de jour vert et rose, si lourdes que des feuilles et des fleurs et des branches roulèrent comme un don amoureux de guirlandes défaites à foison sur les eaux. Les ruisseaux entraînaient les pollens pour des fécondations lointaines, leurs eaux étaient troubles et jaunes..." - Les nourritures terrestres

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